Captagon : du médicament à la drogue illicite

Le captagon, une drogue de la famille des amphétamines est aujourd’hui la substance la plus consommée chez les jeunes du Moyen-Orient. A l’origine, il s’agit d’un médicament. Maad Digital, le média d’information scientifique sur les addictions, revient sur l’histoire de ce produit.

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Composition

Le principe actif du captagon est la fénétylline. Cette molécule a été synthétisée en 1961 par un laboratoire allemand. Une fois absorbée par le tube digestif, la fénétylline est transformée en deux molécules :

  • l’amphétamine à raison de 24,5% de la dose ingérée et
  • la théophylline, 13,7% de la dose ingérée.

L’amphétamine agit en augmentant fortement la libération de dopamine, ce qui entraîne une augmentation de l’éveil, de la concentration, de la performance physique et une sensation de bien-être et de confiance. C’est une substance psychoactive stimulante.

La théophylline est une substance contenue dans les feuilles de thé, et c’est aussi un produit de la digestion du café. Elle a des propriétés diurétiques (aide à l’élimination de l’eau par les reins) et bronchodilatatrices (augmente le diamètre des bronches). Elle est aussi stimulante, mais moins que l’amphétamine.

Usages

Des essais cliniques menés au début des années 1960 avaient montré qu’une heure après son administration, 50 mg de fénétylline (soit un comprimé de captagon) améliorait le résultat de tests psychologique et psychomoteur, et augmentait la productivité et la capacité à se concentrer.
Initialement commercialisé en vente libre en Europe, le captagon a été rangé dans les produits prescrits sur ordonnance dès 1964, à l’initiative du laboratoire fabricant, en raison du signalement d’effets secondaires : hallucinations et tendances agressives dus à l’amphétamine, et troubles du rythme cardiaque et digestifs dus à la théophylline.

Le médicament a été largement utilisé en Europe dans les années 1960-70 avec pour indication les troubles de l’attention chez l’enfant, la dépression, la narcolepsie (trouble du sommeil marqué par une somnolence excessive ou récurrente). Dans cette dernière indication, il a été prescrit en France et certains pays avoisinants jusqu’en 2013, date de son interdiction.

Risque d’addiction

L’utilisation prolongée du captagon peut entraîner une dépendance et des effets secondaires.

Les plus courants sont une dépression sévère, une insomnie qui peut durer plusieurs jours, des palpitations et une perte d’appétit.

Des cas de vision trouble, vertige, sécheresse de la bouche, difficultés à respirer ont aussi été rapportés.

D’autres effets secondaires sont inhabituels. Une étude de 2015, qui porte sur 101 sujets hospitalisés pour une addiction au captagon, rapporte l’existence de délires de jalousie. Le sujet a la conviction a priori d’être trompé, le plus souvent sans fondements réels, (25% des sujets), ce qui pourrait être la conséquence des insomnies.

Aux Etats-Unis, le captagon n’a jamais été approuvé comme traitement médical et a été rangé dans la liste des produits interdits, au même titre que l’héroïne, le LSD et la cocaïne, dès 1981, mesure reprise par l’Organisation Mondiale de la Santé en 1986.

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